mardi 23 juin 2009

Berlin Blues

Bonjour,

l'autre jour, j'ai invité des amis à manger. C'était super, seulement le lendemain ils n'étaient plus là et la vaisselle me restait sur les bras.


On ne le dira jamais assez, créer du lien social a un coût. J'avais préparé un délicieux taboulé libanais, parfaitement citronné et plein de saveurs, suivi par du poulet à l'estragon et un gratin dauphinois. Ca n'a pas été de tout repos de gérer les différents temps de cuisson, et puis que ce soit bon à la fin, mais je m'en suis sorti, et ous les applaudissements de mon public! J'exagère un peu, mais tout le monde m'a dit que c'était délicieux. Je pense que mes invités internationaux avaient besoin de conforter le cliché qui veut que les Français cuisinent bien. Et moi aussi d'ailleurs, je voulais être à la hauteur. On a beaucoup picolé, et que du vin français. Une amie australienne avait apporté un vachement bon bourgogne rouge, qu'elle avait du payer plutôt cher vu les prix des bouteilles française ici à Berlin (enfin, si on décide de prendre quelque chose de meilleur que la cuvée Napoléon ou le Bordeaux prestige...). Vérifiez donc, les assiettes sont vides!

Oui je sais, le truc dans la petite assiette au centre, c'est une tranche de pain de mie. Je mérite la damnation éternelle, mais laisser moi d'abord m'expliquer. Je voulais acheter des baguettes, malheureusement les choses ne sont pas passées comme prévues. En fait j'avais chargé une fFançaise (la seule invitée) d'acheter le pain, et elle m'a planté, pretextant le lendemain qu'elle avait confondu les dates et oublié son portable... Mouais, je l'ai pas encore revu depuis. Sinon niveau ambiance, en plus du pinard, on avait Paul. Paul, c'est un néerlandais qui joue bien de la guitarre, qui chante et qui, surtout, connait quasiment toutes les chansons du monde! Vraiment chouette, particulièrement lorsqu'il improvisait de nouvelles paroles pour me souhaiter mon anniversaire.


Ah, mais j'oubliais de vous parler d'un invité de dernière minute! Balimann évidemment, le chat. Il n'a pas été trop chiant, notamment parce que Kirk l'américain a établi avec lui une sorte de contact psychique apaisant, mais il a quand même tenté de dévaliser la poubelle le lendemain matin. Une seule solution: descendre la dite poubelle. Putain de chats, impossible de lutter face à leur témérité.


Restons dans la rubrique poubelle (j'espère que ce n'est pas une de mes nouvelles obsessions), pour que je vous parle une fois de plus du Pfand (consigne), mon marronnier favori. Voici une poubelle berlinoise normale. Oui, elle sont oranges avec une sorte de trou sur la gauche pour écraser les mégots. Et dessus, que voyez-vous? Un autocollant, c'est bien ça. Enfin il y en a plusieurs, mais je vous parle de celui qui est blanc au milieu. Une idée de ce qu'il veut dire?


On voit rien? Oui mais avec ce que j'ai dit avant à propos de Pfand, vous êtes sur la piste. Bon, d'accord, rapprochons-nous un peu. C'est clair à présent? Si vous êtes perdu je vous conseille vivement d'aller consulter un neurologue.



Il ne faut pas jeter ses bouteilles vides dans la poubelle, c'est très mal. Il faut les déposer à son pied pour que les clochards puissent les récupérer et aller gratter quelques centimes au supermarché. Je ne sais pas d'où sort cet autocollant, en tout cas ce n'est pas une initiative de la mairie.






Et maintenant, une histoire photographique:

Il était déjà presque 9 heure, et Herr Matula se rendait à son travail, en tournant dans la Tor StraBe comme chaque matin. Il pleuvait, une pluie fine et ininterrompue qui rebondissait sur les feuilles des tilleuls. Il n'y avait personne au table en bois devant les vitrines des Spätikauf. Sur le trottoir, un drôle de mec passait avec son vélo. Il portait un kway violet fluo et des bottes de caoutchouc. A l'approche du feu, Herr Matula ralentit un peu, quand soudain le véhicule de devant stoppa net, sans avertissement. Herre Matula ne pu éviter la collision, qui lui emboutit le capo dans un bruit de poubelle qu'on vide dans une benne. Et merde, il allait être en retard au bureau.


Arrivée au bureau vers 11h, parce qu'il avait fallu remplir les constats, faire remorquer la voiture et prendre un taxi, Herr Matula s'était fait savonné par le patron. Il travaillait dans un grand immeuble en pierre grise, lustrée, sans âme. Heureusement que la société était installé au dernier étage, au moins il y avait une vue sur le carrefour. Pour compenser son retard, Herr Matula resta jusqu'à 21h au bureau, à mettre à jour le fichier excel des ventes.


Il sortit de l'ascenseur en trainant des pieds. A cette heure-ci il n'y avait plus personne derrière le comptoir d'accueil dans le hall. Il était vanné, il avait faim, ses coudes étaient douloureux à force d'avoir été appuyés sur le bureau. Herr Matula descendit sur le quai du U-Bahn, et dépassa un asiatique qui vendait à la sauvette des cigarettes russes. Arrivée du métro dans 9 minutes. Bon, plus qu'à attendre. Il n'avait pas envie de rentrer directement chez lui. L'idée se faire crier dessus par Anne à cause de la voiture l'enervait d'avance. Après une journée pareille, il pouvait bien s'offrir un peu de bon temps. Il connaissait un endroit vers Charlottenburg, le LSD. Il faudrait par contre qu'il essaie de ne pas rentrer trop tard, parce demain il bossait.


Allez, bon vent.

vendredi 12 juin 2009

Quand il pleut, on fait la cuisine.

Bonjour,
Le temps est mauvais à Berlin, et ça fait deux semaines que ça dure.


Ce qui fait que les photos d’aujourd’hui seront sans doute un peu tristounettes. Commençons avec un façade bien monotone, d’un bâtiment de style RDA situé derrière Alexanderplatz.


Le 4 juin, c’était mon anniversaire, alors je me suis fait un déjeuner d’anniversaire tout seul que j'ai mangé tout seul. Bon, je sais, c’est pas de la haute gastronomie mais c’était bon quand même. Le truc marron et violet, c’est des oignons rouges et des champignons. Et rassurez-vous, après j'ai vu des amis, si c'est vrai, et non je n'ai pas passé la journée tout seul à la maison.


Ce soir je me lance dans quelque chose de plus ambitieux : j’ai invité du monde à diner, nous serons une dizaine, et c’est moi qui cuisine ! Oh oh oooh. Au menu, taboulé libanais en entrée, avec surtout de la menthe et du persil, et en plat du poulet à l’estragon accompagné d’un gratin dauphinois. J’ai aussi acheté trois bouteilles de vins français. Ce ne sont pas de grands vins, mais vu les prix du "bon" vin français ici, j'me suis limité à du raisonnable. En fait, je me suis aussi laissé avoir/guider par la «médaiiiiille d’or Paris 2009» collée sur deux des bouteilles. J’espère que ce sera bon. Au moins, on a à picoler. On va tous se serrer dans la cuisine, mais heureusement la table à deux rallonges. A propos de cuisine, l’autre jour j’y ai vu par la fenêtre une poubelle volante.


Je crois que je vous le savez, mon immeuble est en travaux permanents. Le propriétaire et quelques-uns de ses amis ouvriers ont entrepris, je ne sais il y a combien de mois, de refaire le toit de l’immeuble eux-mêmes. Ils y sont encore, et se servent de la poubelle hissée avec un treuil pour convoyer je ne sais quoi. Tuiles, parpaings, gravas, drogues?

Comme la supercherie avec Invanhoé vous a plu, mais en a sans doute laissé certains dubitatifs quant au sort réel de mon vélo - "Est-il toujours envie oui ou non, j’ignore de le savoir!"- je vous montre une preuve d'existence.


Bref, voici cette belle photo de mon destrier à cycles, et en action s'il vous plait, qui nous permet de commencer la visite pluvieuse de, de, de… Ah bah non, ce serait trop facile de vous dire la réponse comme ça. Une devinette crient les vrais fans ! D’accord. De quelle rue/avenue s'agit-il? Un indice s’est glissé dans ce cliché.


Alexanderplatz, à l’entrée de la Karl Marx Allee (et oui, c’était ça la réponse), quand il pleut, et bien c’est très triste, encore plus triste que d’habitude, et très gris, très très gris, et un peu délabré aussi.


Pour trouver le chemin de l’ancienne Avenue Staline, c’est facile, il suffit de suivre les AmpelMäner, ces petits bonhommes verts des feux de signalisation de la DDR, qui servent aujourd’hui d’emblème touristique à Belrin. Va savoir pourquoi il y en a trois d’un coup sur ce graffiti ? Je pense que c’est un peu comme dans retour vers le futur. Le Ampelman de droite, le plus jeune, est retourné dans le passé (avec une machine, en tombant dans un vortex, c'est pas important), et a accidentellement modifié le cours de l’histoire en empêchant son arrière-grand-mère de faire un enfant avec son arrière-grand-père (peu importe la manière, on ne veut pas le savoir), ce qui fait que le grand-père Ampelman, le bonhomme vert qui est à gauche sur le photo, est en train de disparaître, rattrapé par une nouvelle réalité perturbant le continuum espace-temps. Je m'excuse, mais il faut bien que je raconte des trucs entre les étapes sinon on aura bouclé la visite dans 1 minute 30. On continuuuue?


En passant à vélo entre la chaussée de la Karl Marx Allee et son trottoir démesuré et bordé de pelouse (donc en roulant sur la piste cyclable, oui c'est bien ça) nous croisons alors à plusieurs reprises un portrait de Martine Aubry. Ah ah, alors pour faire comme Cohn Bendit, la Martine se lance dans la politique en Allemagne sans rien avoir dit aux journaux? Ah non en fait, ce n’est pas Aubry mais une candidate SPD aux Européennes. Sâcrée propagande du PS en tout cas; le parti devrait l'embaucher en tant que sosie de Martine pour les meetings à risque.


Bon alors on a un peu roulé sur la Karl Marx Allee, et puis pof d’un coup, le soleil se couche. C'est qu’il est déjà 22H47 quand même. Il a beaucoup plus, et alors on est là sur son vélo, et on se dit qu’on aimerait mieux être à la maison. Allez, courage, dans 15 minutes on y est.


Sinon, ces derniers temps j’ai joué au ping-pong avec mon ami américain Kirk et un ami à lui, un autre américain. C’était chouette, j’ai bien joué et je me suis dit que parfois les cours de sport du lycée et les vieilles tables de ping-pong des maisons de vacances avaient du bon et pouvaient préparer un homme à affronter les épreuves de l'avenir.


J’ai aussi bu pas mal de Rothaus, la meilleure et la plus chère des bières, au gout si rustique et un peu fruité, aux bons céréales, à la robe dorée comme la fôret à la mi-automne. Elle ne vient pas de Berlin celle-là, mais de la Forêt Noire, et j’en profite pour faire en passant une dédicace à mon ami Simon venu de cette région reculée d’Allemandie. Vous avez déjà vu l’étiquette, mais pourquoi se priver d’un petit rappel. Et puis elle est tellement belle.


En exclusivité mondiale à présent, voici le cliché qui m’a été acheté 120 000 euros par Paris-Match: ma professeur de cours de langue de dos, occupée à faire marcher le vieil ordinateur. Comme vous pouvez le constater sur ces images poignantes, le tableau est effectivement blanc. C’est beau.


Et après les cours, un shot de tonus en allant faire un saut à la cafet' avec les amis. Heu, non, quittons le ton Hélène et les garçons, c'est trop horrible. Bref, il existe une cafeteria secrète au premier étage de la fac, ou on peut boire un vrai expresso italien, avec vue sur le dôme de la bibliothèque. Grandiose.


Enfin, pour terminer le billet du jour, je voudrais lancer un appel aux pouvoirs publics français et allemand : libérez Alex! Oui, libérez-le. S’il vous plait. Fra-ter-ni-té! Fra-ter-ni-té! Vous n’avez pas le droit de garder en prison un innocent. Tous avec moi! Liberté Liberté!


Je rentre en France dans dix jours, pour une petite semaine de rechargeage de batterie à coup de pinard, de bonne cuisine, de famille et d’amis.

Bon vent et à la prochaine.

ps: il y a aussi à Berlin des parcs, du soleil, des oiseaux, des restaurants, la vie n'est pas triste et humide tout le temps!

mercredi 3 juin 2009

Mes nuits seront plus douces.

Schönen Abend,

D'abord, une jolie photo qui s'inscrit dans ma lignée hommage à Wim Wenders. Elle a été prise à l'aube, vers les cinq heures du matin, en rentrant à pieds des bords de la Spree.


Ensuite: chose promise, chose due. Voici donc la fameuse photo de mon expérience absolument lynchéenne. J'ai croisé ce grand chien noir un soir, dans un bar appelé le "Fire". Vous aurez remarqué que l'endroit tient son nom des télés-feu-de-cheminée, qui donnent à la décoration un petit quelque chose de Twean Peaks et aux clients l'impression d'être dans un étrange et paisible rêve éveillé.


Après un silence prolongé, qui s'explique par un long weekend que j'ai passé à Cracovie et quelques menues besognes administratives à écluser, me revoilà plus en forme que jamais. D'autant que j'ai un nouveau matelas! Je sais, cette transition est dure à encaisser, mais reprenez-vous. C'est un grand deux-places bien épais (je dirais aux alentours de 22 cm), qui va vite me faire oublier l'austère paillasse qui me servait de lit jusqu'alors. J'avais l'épaule qui me rentrait dans le torse à longueur de nuit, et craignais une déformation irréversible de mon élégante silhouette. Admirez un peu le mille-feuille.


Et sans plus attendre, on enchaîne avec un quizz spécial Berlin! Prêt? Alors allons-y. D'où a bien pu être prise la photo suivante? Pour vous aider, je peux dire qu'un indice est caché quelque part dans l'image...


Vous avez trouvé? Du haut de la Fernsehturm? Bravo! Et pour info, c'est une vue de l'Alexanderplatz. Je suis monté en haut de la tour pour la toute première fois (dans un ascenseur qui sent le fromage) seulement il y a quelques jours. C'est payant, c'est cher, mais ça vaut le coup! La photo suivante montre les barres de l'ex Berlin est (difficile à prononcer ex-est) qui s'alignent derrière la place. Non non, ce n'est pas Argenteuil, ni une maquette!

L'autre jour en marchant sous les tilleuls d'Unter den Linden (ça qui veut déjà dire "sous les tilleuls," mais si j'écris "en marchant sous les tilleuls de sous les tilleuls", on comprend plus rien du tout), l'équivalent berlinois des Champs-Elysées, j'ai enfin pensé à prendre une photo qui me trottait dans la tête depuis longtemps: celle du magnifique logo de la compagnie aérienne russe Aeroflot! Ca donne envie, non? Vodka, cornichons, eau de toilette de contrebande et réacteur défectueux...


Et pour rendre à César ce qui m'appartient, et faire un petit clin d'œil à Alex qui est venu me rendre visite le weekend dernier, je vous présente le mariage parfait du matin ou des petites pauses de l'après midi (entre deux longues séances de claviotage de mémoire): café et Leibniz au chocolat! Lecker, rien que de poster la photo ça me donne envie.


Toujours avec Alex, nous avons brunché en terrasse au café Gagarin, à deux pas du parc du château d'eau dans Prenzlauer Berg. Ambiance conquête de l'espace soviétique, très bon pain, petit-déjeuner copieux et jolies tasses à la russe! En plus le soleil était presque de bonne humeur.


La photo suivante est assez marrante, mais peut toutefois choquer la sensibilité des électeurs de droite puritains les plus cons. Petit indice (j'ai un truc avec les devinettes ce soir moi), ce n'est pas de la réclame pour une grosse Wurst, en tout cas pas au sens propre du terme... Pour les non-anglophones, le logo peut aider à faire comprendre de quoi il retourne. Je pense que ce n'est pas à Paris qu'on verrait ça... m'enfin y'a bien eut Yannick Noa en slip Sloggy sur des arrêts de bus.


Direction l'East Side Gallery à présent. Tout le monde a son audio-guide branché? Alors l'East Side Gallery, c'est le plus long pan de mur donné à voir à Berlin. 1,3 km de béton qui double la rive droite de la Spree, de la Ostbahnhof à la station Warschauer Strasse. C'est aussi une série de fresques en plein air, constituant un "monument à liberté" (le terme n'est pas de moi, donc vous pouvez vous moquer). Mais faute de fil barbelé à lames de razoir et de mitralleuses flash-ball à détecteur de mouvement, les peintures ont été, au fil des années, très dégradées par ces connards de touristes. C'est pourquoi une association a décidé de retaper tout ça. Un grand coup de grattoir, une couche de peinture blanche et hop, on appelle les mêmes artistes pour qu'ils nous repondent quelques chose. Il y a de tout, du pas mal au très très moche. Appréciez la petite ironie, qui veut qu'on restaure le mur vingt ans après l'avoir abattu.


J'ai bien aimé ce remake de Guernica à la sauce berlinoise.


Et pour finir ce billet du mardi, le premier du mois de juin, je suis trop triste parce qu'on m'a vandalisé Invahoé... Je l'ai retrouvé un matin en bas de chez moi, amputé. Salaud!


Bon, nan, je blague. C'est pas mon vélo ce blessé de guerre. Ivanhoé va très bien, à l'abri dans la cour de l'immeuble. Faudrait voir à travailler un peu plus votre sens de l'observation quand même.

Allez, bon vent, votez bien aux européennes (j'ai dit BIEN!), et jeudi prochain, pensez à manger de la rillette, de la mère Loïc, du comté, du Saint-Marcelin ou du reblochon tartiné sur du pain poilâne grillé, arrosé d'un Bourgogne blanc bien frais, installé devant Roland Garros!
vivre à Berlin
 
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