mardi 31 mars 2009

Crime et dépouillement.

Et l'attrait principal de Berlin à vos yeux est... le naturisme!
Cette activité de plein-air est élue grande gagnante après dépouillement devant huissier ivre, par 5 voix sur 17, soit par près de 30% des suffrages exprimés à la majorité relative non-représentative. C'est pas rien quand même!


Bon, je n'ai encore croisé personne de tout nu dans la rue ici à Berlin, mais sait-on jamais, maintenant que le soleil est de retour tout peut arriver. Conseil d'ami pour finir: si vous souhaitez vraiment venir pour vous faire bronzer la chair des fesses, poussez un peu plus au nord, vers Rügen, le littoral baltique, tout ça...

Misère, je n'ai pas vraiment l'impression de contribuer à l'enrichissement de la culture mondiale en publiant ce billet.

Tschüss

lundi 30 mars 2009

Voir Leipzig et mourir.

Bonjour, bonjour, bonjour !


J’espère que tout va bien en ce début de semaine, et qu’il fait aussi beau à Paris qu’à Berlin ! Ici le soleil s’est pointé mal réveillé ce matin (enfin !), et devrait rester avec nous pendant toute la semaine. C’est presque le printemps, et pourtant j’ai comme un mauvais pressentiment pour le mois d’avril. Là vous vous dites que, franchement, si je parle du beau temps, c’est que j’ai rien à raconter. Et bien pas du tout !



Samedi, j’ai passé la journée à Leipzig… sous la pluie (héhé, ok j’arrête). Après deux heures et demi de train, pendant lesquelles on a joué à une variante suédoise du whist appelé le ‘plump’ (pour ceux qui sont perdus, je parle de jeu de cartes), nous sommes arrivés à la Hauptbahnhof de Leipzig, l’une des gares les plus grandes d’Europe. Je confirme, c’est vrai qu’elle est grande. Après avoir arpenté le centre-ville, et vu notamment la Nikolaïkirsche, l’église d’où est parti le mouvement de contestation des grandes manifestations du lundi qui ont contribué à la chute de la RDA, nous sommes allé boire une verre dans un bar un peu plus au sud de la ville, à la limite du quartier étudiant sympa que nous n’avons malheureusement pas eu le temps d’explorer.


Là, j’ai pris un café au rhum (beurk) et un Appfle Struddle, froidure oblige, qui était vachement bon. Vers quatre heure on a visité le musée de peinture de Leipzig (ça sonne mieux en allemand : Museum der bildenden Künste Leipzig).



Quand je dis on, ça ne concerne pas tout le groupe, mais seulement une poignée d’étudiants respectables et libres d’esprit dont je fais évidemment partie. Le musée, c’est un énorme cube en béton brut et en verre, qui abrite aussi bien des tableaux plutôt conventionnels du XIXe que des toiles géantes peintes avec les pieds par des artistes mélancoliques nihilo-hindouistes végétaliens gavés au LSD. Intéressant, dirons-nous. Le premier étage abritait une exposition consacré à Emil Zbinden, un illustrateur (suisse ?)-allemand vachement fort ! Je voulais acheter un poster, mais y’avait rien de bien à la boutique du musée. Schade !


Je ne vais pas jouer au guide touristique, mais voici quand même les légendes des photos :

1 – Une fontaine à sec, détail.

2 – Mémorial : Bach, tu nous manques. Rip.

3 – Je hais les visites de groupe… bèèèhh.

4 – Le jeune Goethe avec l’ancienne mairie en arrière plan.



5 – La voûte de la Nikolaikirsche (miam, on en mangerait…)

6 – Je ne sais plus ce qu’est ce bâtiment, en tout cas un sacré agrégat d’éléments hétéroclites dans un style néo-austro-médiéval assumé. Soooo schön.


7 – La gare et un stand à saucisses.

Ce soir je dois aller dans un bar complètement barré de Kreuzberg avec des amis erasmus. Le concept : tout est à l’envers, avec les chaises et les tables collées au plafond et les gens assis sur le dessous des étagères… Renversant ! Et ma mission de la semaine : acheter un vélo !



Voilà. N’hésitez pas à laissez vos commentaires, comme ça je me sens moins seul le soir en les lisant - je joue effrontément sur la fibre patho-émotionnelle - et surtout, surtout, ne lâchez rien et écoutez la chronique de Didier Porte de vendredi dernier… L’invité : Juppé! Hi hi hi… Tschüss!


Ps : il va falloir que je mange le poivron orange qui flétrit doucement sur mon rebord de fenêtre depuis quatre jours.

vendredi 27 mars 2009

Ich will mich befreien... aber befreiene Universität!

Freie Universität – 2eme partie : intérieur.


Je suis immatriculé à la fac! Yuhoooo! Non, vraiment, pouvez pas savoir à quel point c’est agréable. Après avoir rempli des tonnes de formulaires en allemand et écrit 106 fois mon adresse dessus, avoir attendu des plombes hier au Bürgeramt de Prenzlauer Berg (grosso merdo : la mairie), et m’être ouvert un compte à la Sparkasse, je peux désormais voir venir les prochaines inscriptions pédagogiques, qui débutent début avril, en toute sérénité! Oui,je suis un homme liiibre ! Ils ont été sympas à la banque, m’ont offert – tenez vous bien – un livre moche sur Berlin, un pancho imperméable rouge (les randonneurs ou les cyclistes en verront l’utilité), un petit stylo, et surtout une espèce de lampe/mini sabre laser qui éclaire en bleu, qui peut clignoter et qui sert à être vue de loin lorsqu’on fait de la bicyclette la nuit. Jaloux, hein ? A part ça je suis crevé, malgré mon énorme sieste de cet aprem, et demain j’ai rendez-vous de bonne heure dans le sud de Berlin - Sudkreuz - pour partir à: Leipzig, tadaam ! Lever 7h, pour cette excursion organisée par mon cours de langue, qu’a l’air sympa mais qui dure toute la journée. Et en plus il faut 2h et demi de train pour y aller. Ce soir j’ai dîné chez une amie de ma coloc’ dans Prenzlauer Berg, et c’était chouette à part qu’on a commencé par la salade de fraises et finit par les pâtes aux carottes et aux champignons.



Bon, et à présent je suis censé vous parler de l’intérieur de ma fac. Heu, je commencerais par dire que c’est un véritable labyrinthe, avec des couloirs et des salles de cours aux noms impossibles à retenir, style FJ2907 Tous ce ressemble et il faut une bonne semaine avant de comprendre comment tout ça est organisé.



Néanmoins le bâtiment est plutôt agréable. Il y a de grandes fenêtres qui laissent entrer le soleil – enfin quand il y en a, parce qu’aujourd’hui il a grêlé – et pleins de buvettes dont un café étudiant, le Pi-café, au dernier étage avec une grande terrasse, des gâteaux allemands et de gros canap ‘ archi moelleux où on va tous s’approvisionner en sucre et en caféine à la pause de 11h. La mensa est sympa aussi, enfin si on aime le orange, les lampes boules et les banquette en simili-cuir bleu ! Perso je suis fan.



Et pour que vous preniez une peu mieux la mesure de la granditude du campus, je vous ai mis une photo du tableau des petites annonces au début… Balèze !

J’ai fini. Alors dormez bien, pensez à bien petit-déjeuner demain parce que c’est important, et fuck le pape !

ps: désolé pour le titre du billet, je manque d'inspiration.

mardi 24 mars 2009

Il a neigé sur Dahlem.

Le thème du jour : la Freie Universität
(partie 1 : extérieur)



Parce que vous pourrez mieux imaginer mon quotidien en voyant des photos de la fac où j’ai cours tous les jours. Mais avant de ma lancer, une fois n’est pas coutume, quelques petites nouvelles passionantes de ma vie en dehors des cours. Aujourd’hui, j’ai croisé pour la première fois ma voisine de palier, qui m’a filé une cafetière bodum à donner à Frank et qui m’a aussi appris qu’un réparateur aurait travaillé à faire revenir l’eau chaude dans nos salles de bains et nos chauffages cet après-midi. Et c’était vrai ! A l’heure où je vous parle mon radiateur chauffe à bloc - je l’ai mis sur le cran 5, héhé – et pouvez pas savoir comme ça fait plaisir. Sinon Giulia vient juste de rentré de voyage et moi j’ai acheté du pain de mie bio et du chocolat au lait bio au supermarché bio tout à l’heure… J’assume mon côté Prenzlauer Berg ! J’ai également déboursé 200 euros pour m’immatriculer à la fac et acheter mon Semester-ticket, ouch, et j’ai finis mon exposé sur la currywurst que je présente demain. C’est une tuerie, alors avis à ceux qui comprennent l’allemand, parce qu’on a pondu un texte vraiment fendard ! Voilà ! Bon, passons au cœur de notre sujet à présent.


La Freie Universität, qu’on appelle plus communément ici la FU (éfu), se trouve au Sud-Sud-Ouest du centre de Berlin, dans le quartier de Dahlem. Je mets donc une heure de métro pour y aller, avec un changement au bout de 40 minutes. Autant dire que j’ai le temps de faire mes exos de grammaire le matin, et de somnoler au retour. Heureusement que le métro berlinois est carrément mieux que l’enfer sous-terrain de Paname, et que mon trajet est pour un gros tiers en aérien !



L’université libre a été construite dans les années 60’, pour faire pendant à la vieille université de la Humbolt qui s’était retrouvée côté est. Pas de chance. Et on y a mis les moyens pour faire mieux que ces salauds de socialistes totalitaires! Immense campus étalé en plein cœur d’une zone résidentielle pavillonnaire plutôt chic, très calme, et pleine de verdure, la FU est un amas de plein de bâtiments hétéroclites qui abritent salles de cours et bibliothèques, tandis que les UFR sont installées dans de charmants pavillons reconvertis en bureaux. J’aime beaucoup !



Mes cours se déroulent pour l’instant dans le bâtiment principale, là où se trouve la grande mensa et la bibliothèque dessinée par l’architecte Norman Foster, à qui l’on doit aussi la rénovation du Reichstag.



Je vous en dis plus sur son intérieur labyrinthique très bientôt ! Ah et oui, comme l'indique le titre de ce billet, aujourd’hui il a neigé.
Tschüss !



ps: le truc qui ressemble à la maison d'Asterix, c'est la station de métro Dahlem Dorf ;)

dimanche 22 mars 2009

Currywurst pour un dimanche.

Dimanche matin, et toujours pas d'eau chaude... Bouh, ou plutôt Raaaah!

J'ai finis de prendre mon petit-dej' dans le silence de Berlin encore endormie, en me remettant doucement de la WG-Party d'hier. "La ville endormie" ce n'est pas une image, tout est vraiment éteint le dimanche matin. La Torstrasse ne vibre pas sous le poids des trams et des bagnoles, le bonheur!


Soit les gens trainent au lit, soit ça brunche dans les Kneipe bohèmes de Prenzlauer Berg, soit les plus irréductibles, ou simplement les plus perchés, continuent de danser dans un hangar sans fenêtre du côté de Berghaim. Mais pour en revenir à nos moutons, WG ça veut dire Wohnunggemeinschaft. Colocation, en français. Dans une WG-party, le principe est que chacun peut ramener qui il veut (autant dire que je n'en ferai jamais!), ce qui donne une densité de personne juste insupportable et rend l'air difficilement respirable. Mais qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour boire des bières à l'oeil! Avant cette aventure épique, j'avais pris un café, ou plutôt une bière (on est en Allemagne), avec une fille du Celsa qui vient d'arriver à Berlin, sympa, puis avais croisé par hasard des étudiants de mon cours d'allemand intensif qui m'ont invité à me joindre à leur diner pâtes aux tomates + crêpes. Ils étaient tous persuadés que les crêpes sont un dessert typiquement français, ce que je n'ai pas démanti malgré une certain scepticisme... Si quelqu'un à des infos à ce sujet, qu'il se manifeste ou se taise à jamais!

Cet après-midi je dois retrouver Paul vers 15h, un néérlandais, pour travailler notre exposé à présenter pour mardi. Notre sujet - attention, accrochez-vous bien - la Currywurst! Quelle originalité, c'est incroyable! Mais bon, allez, c'est quand même chouette de faire un exposé sur une saucisse...


Bon dimanche à tous, reposez-vous et travaillez bien!

samedi 21 mars 2009

Pfand & Palast der Republik

Aujourd’hui c’est samedi, le soleil brille sur Berlin et il fait froid.



Je commence par vous relater le petit tracas du weekend : pas d’eau chaude dans l’appartement ! Ce qui fait que je n’ai pas pu prendre ma traditionnelle douche revigorante du samedi matin, et que les radiateurs ne fonctionnent pas ! Heureusement que j’ai mon gros pull irlandais, mais c’est quand même très embêtant. Je ne sais pas très bien ce que nous allons faire pour rétablir la situation… J’en ai parlé à Frank, mon coloc’, ce matin, et il m’a semblé plutôt du genre à attendre-et-voir. Je pense que si demain c’est pareil, on contactera le proprio. Le hic c’est que ce n’est pas la première fois que ça arrive; on a déjà connu pareille pénurie dimanche dernier et je sais que le voisin du dessus s’était trouvé dans la même panade. L’explication ? Ce n’est pas a priori un oubli de paiement de facture(à moins que je n’ai vraiment rien compris à ce que m’a raconté Frank). Peut-être est-ce du à des travaux dans les parages, mais ce serait plutôt bizarre je trouve. Bref, en attendant, je guette le retour de l’eau chaude comme Sarko attend son coup de fil d’Obama, prêt à me jeter dans la douche en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire ! Et pour les as des conseils en mode système D, oui j’y ai pensé, mais j’ai abandonné l’idée de remplir la baignoire avec des casseroles d’eau bouillante. J’en aurais pour la journée vue la taille des casseroles et de la vieille bouilloire électrique!

Sinon Giulia, ma deuxième coloc’, est en vacances avec sa maman à Riga. J’attends son retour de pied ferme pour organiser un grand synode sur le thème du ménage. Parce que c’est pas vraiment ça, la propreté, dans la coloc’. Je ne parle pas pour moi car ma chambre est toujours d’une propreté quasi militaire (oui, j’exagère un peu, mais c’est pour marquer le contraste), mais de Frank. Entre les plats sales avec des pâtes collées au fond et qui traînent pendant des jours dans l’évier, les poils d’origine inconnue dans la baignoire et la caisse du chat qui pue à mort, s’en est trop ! Mais j’attends cette fameuse réunion de coloc, parce que c’est pas facile de mettre les points sur les i dans mon allemand actuel, et puis aussi que je pense qu’on sera plus fort à deux (avec Giulia, si vous suivez bien) pour redresser le niveau d’exigence sanitaire du deuxième gauche du numéro 60 de la Tortsrasse.

En dehors de cette histoire, je n’ai rien de bien original à vous raconter ce week-end - en tout cas pour l’instant – c’est pourquoi j’ai décidé de vous sortir deux marronniers du placard, sujets hautement sensibles, commençant tous deux par la lettre P et pouvant heurter la sensibilité des plus jeunes : le Pfand et le Palast der Republik.

Pfand (das), pour les non-germanophones, ça veut dire consigne. Ici à Berlin, comme partout en Allemagne, les bouteilles en verre sont consignées. Concrètement, ça fait que le consommateur débourse quelques centimes de plus au moment de l’achat (saloperie !), centimes qui lui sont reversés lorsqu’il rapporte ses bouteilles vides au supermarché. Pour ceux qui ont déjà des questions, je répondrais que non, on n’est pas obligé de rapporter ses bouteilles dans l’endroit exact où on les a acheté, et que c’est la plupart du temps un gros conteneur liseur de code-barres qui fait le boulot même si parfois il y a aussi des vrais êtres humains. Pratique ? Ecolo ? Allemand ? Tout ce que vous voudrez, n’empêche que c’est vachement lourd et galère à trimballer des bouteilles, et que la conséquence immédiate de ce système de Pfand est un amas de bouteilles devant la porte dans l’entrée, qui attendent sagement d’être emmenées au paradis des réceptacles en verre.



Et je finis ce billet en vous parlant du Palast der Republik, ce gros bâtiment 100% amiante qui a trôné au centre de Berlin pendant des année, symbole de la puissance du socialisme lumineux de la DDR aux yeux du monde. Le Palais de la République, aussi appelé par les citoyens est-allemand moqueurs « le magasin de lampes de Erich (Honecker) » en référence à ses nombreux lustres au design si typiquement 70’, accueillait bowling, restaurants, discothèques et autres lieux de récréation ouverts à tous les citoyens, heureux de vivre dans un régime qui prenait autant soin d’eux. Ah mais j’oubliais, il y a avait aussi dedans le parlement de la DDR ! Mais comme vous vous en doutez, il ne servait vraiment pas à grand chose.



Bref, cette grande barre de béton couverte de vitre et qui reflétait le soleil avait été édifiée sur l’emplacement exacte de l’ancien palais des Hohenzollern, bien amoché pendant les bombardements de la seconde guerre mondiale et explosé sans scrupule par 13 tonnes de dynamites soviétique. Aujourd’hui, le Palais de la république n’existe plus.



Sa déconstruction aura duré plusieurs années - au fil des mes voyages à Berlin, j’ai pu voir le bâtiment se squelettifier - et ne reste plus désormais qu’un bac à sable géant au bord de la Spree. A la place on va construire un immense centre culturo-commercial, mais pas n’importe quoi, attention. Après moult réunions de concertations, avec ceux qui voulaient rayer de la carte cette abomination héritée de la dictature communiste, ceux qui voulaient en faire un lieu de mémoire et ceux qui trouvaient que tout ça coûtait bien trop cher quoi qu’il arrive, les Allemands ont trouvé une super idée : le nouveau bâtiment aura les façades de l’ancien palais des Hohenzollern ! Si si, n’en doutez pas, ce sera trèèèès beau. Allez, je vous laisse méditer sur cette histoire, et je me dis que j’ai de la chance de faire mon Erasmus à Berlin cette année, parce que dans quelques temps, à coup de projets de rénovation à la sauce Disneyland, cette ville sera devenue vraiment laide. Ciao !


lundi 16 mars 2009

Berlin-Hohenschönhausen, prison de la Stasi.



Aujourd’hui, j’ai visité l’ancienne prison de Berlin-Hohenschönhausen.

Hohenschönhausen, dans la banlieue de Berlin, fût un camp spécial soviétique jusque dans les années 60, puis la maison d’arrêt centrale du ministère de la Sécurité d’Etat de la RDA, plus connu sous le nom de « Stasi ». On y envoyait toute personne suspectée de tentative de rébellion, ou de fuite du pays, ou de quoi que se soit d’autre.



La prison est un bâtiment très discret, dissimulé au sein d’un groupe compact de vieilles usines en briques. Elle étonne par son apparence banale. A l’époque, les voisins ignoraient pour la plupart sa triste fonction. Les prisonniers étaient convoyés en camionnettes banalisées, et la bâtiment située au cœur d’une zone strictement interdite d’accès, absente des cartes de Berlin. La population avait entendu des rumeurs évoquant l’existence d’une pareille prison secrète, mais nul ne savait où elle se trouvait, et si même elle existait vraiment.



Petit rappel par les chiffres du pouvoir de contrôle exercée par la Stasi sur la population est-allemande :
- 91 000 fonctionnaires pour 16 millions d’habitants (contre seulement 15 000 côté ouest, et 7 000 pour la Gestapo)
- 189 000 indicateurs
- 90 000 courriers contrôlés quotidiennement




L’ancien camp soviétique de Hohenschönhausen est située dans les caves du bâtiment. Ce fût une prison d’une cruauté innommable. Elle doit son surnom de « U-Boot » au fait que ses cellules souterraines ne disposaient d’aucune fenêtre et étaient en permanence extrêmement humides et jamais chauffées. Les prisonniers – opposants politiques, nazis, gêneurs en tous genres, et même d’anciens déportés - étaient systématiquement privés de sommeil et torturés physiquement. La plupart étaient poussés à des « aveux » accablants, puis expédiés dans des camps de concentration nazis reconvertis, sur le territoire allemand, ou en URSS. Ou bien aussi simplement exécutés et enterrés dans des trous d’obus. La méthode la plus affreuse employée pour faire parler les détenus réfractaires fut l’emploi de minuscules cellules qui se remplissaient lentement d’eau, et dans lesquelles on les enfermait des jours entiers.



A partir de 1951, c’est une nouvelle prison qui prend la relève, adaptée aux techniques de tortures psychologiques issues des recherches de l’université de la Stasi. Pour vous donner une idée du dispositif, cette prison comptait environ trois fois plus de gardiens et d’officier-interrogateurs que de prisonniers. Chaque détenu avait droit à une salle d’interrogatoire particulière, dans laquelle il était questionné à longueur de journée. Les dissidents enfermés là n’étaient jamais atteints physiquement, pour ne laisser aucune trace qui puissent faire office de témoignage, mais maintenus dans un état de désorientation et d’isolement absolu. La Stasi avait des protocoles de détention sophistiqués capable de venir à boût de n’importe qui (à part peut-être de Patrick McGoohan, et encore). Les détenus ne savaient jamais où ils se trouvaient - la camionnette qui les conduisait à la prison faisait des tours de pâté de maison pendant des heures te des heures -, étaient appelés par leur numéro de cellule, ne se rencontraient jamais les uns les autres et ne pouvait pas parler aux gardiens, ne possédaient aucun effets personnels (pas même de lunettes), étaient quotidiennement privé de sommeil (réveil toute les demi-heures la nuit), habillés avec des vêtements choisis spécifiquement dans de mauvaises tailles, emmenés fréquemment en voiture avec un sac sur la tête pour des simulations d’exécution. Les prisonniers étaient coupés hermétiquement du monde extérieur pendant des mois, des années parfois. Leur seuls interlocuteurs : les agents de la Stasi. Un prisonnier pouvait avoir jusqu’à trois interrogateurs exclusifs. On dressait des profils psychologiques très élaborés des détenus, et sélectionnait leurs officiers en fonction d’une extrême ressemblance physique et morale avec un être cher (père, petit frère, fiancé, etc.). Tous les interrogatoires suivait des schémas pré-établis extrêmement complexes, destinés à briser complètement les détenus, et surtout ensuite à leurs faire révéler les noms de tous leurs complices. Bon, j’arrête là les détails horribles, wikipedia doit pouvoir prendre le relais, mais en résumé, les conditions de détention dans cette prison centrale étaient tout simplement atroces.



Nous avons été guidés au cours de notre visite par Matthias, un ancien prisonnier, ayant séjourné ici pendant 5 mois dans les années 80 alors qu’il n’avait que 20 ans, pour avoir tenté de passer à l’ouest. J’ai vraiment été marqué par cette expérience déchirante, et je peux vous dire que cette réalité rejoint et dépasse les pires cauchemars d’Orwell dans 1984. L’aboutissement de toute cette mécanique de déshumanisation s’appelle je crois la déprivation, l’effacement de toute forme d’identité et de résistance. Mais au spécialiste en psycho de compléter tout ça ! Bon, promis, je vous raconte des choses plus gaies la prochaine fois ! Le mot de la fin : la DDR fût le pire Etat policier que le monde est jamais connu, et l’ostalgie c’est bon pour les enf…és ! Ah oui, et aussi, dormez bien, vous êtes chanceux !



ps: et pour Alice, un lave-vitre, c'est ça!



dimanche 15 mars 2009

Oberschöneweide: au bord de la Spree, les usines abandonnées.


Oberschöneweide, en français ça donne à peu près: "La jolie prairie du haut"... mais on est un peu loin de la réalité des lieux. Et pour la petite histoire, le "Ober" c'est pour marquer la différence avec l'autre rive, où s'étend Niederschöneweide.


Si je suis allé me balader tout un après-midi dans Oberschöneweide, c'est ne pas parce que mon guide de Berlin disait qu'on pouvait y trouver les meilleures currywurst de la ville - il n'y a rien à y faire, et pas un touriste - mais dans le cadre d'un exposé pour mon cours de langue. Lisant la description des lieux parmis une liste de 10 destinations proposé par notre prof'(en gros: paysage d'usines abandonnées au bord du fleuve) je me suis dit sans hésiter: c"'est ici qu'il faut que tu ailles mon gaillard, pour te faire une session photos à la sauce Stalker!".


Me voilà donc parti, avec deux autres étudiants, en direction de Oberschöneweide. Le quartier se situe à environ une demi-heure du centre de Berlin, en S-Bahn, direction sud-est. Mais comme nous sommes partis de ma fac, qui se trouve à pétaouchnoque de tout, ça nous a pris une heure avec un vieux bus de banlieue.


Bon, plutôt que de vous raconter toute mon aventure, vous avez droit aux plus jolies photos, représentatives de tous les contrastes qui font le charme de l'endroit. Mais allez si si, un peu d'histoire aussi, rien qu'un peu, juste pour s'endormir plus culturé (oui, je sais que je dois essayer de ne pas poster que des billets de 5 pages...):

- Oberschöneweide fut longtemps un petit patelin campagnard insouciant jusqu'à ce que plusieurs capitaines d'industrie décident d'y planter leurs grosses usines à la fin du XIXe siècle. Très rapidement, la berge de la Spree se couvre de fabriques, et dans les terres on construit des logements pour les ouvriers. En 1920, le quartier fini par être rattaché au grand Berlin (je condense pas mal).

- Pendant la seconde guerre mondiale (et vous avez constaté que je fais une grosse ellipse, je suis sympa), Obesrchöneweide est un centre de production stratégique pour l'effort de guerre allemand, ce qui explique que la ville est par deux fois noyée sous un tapis de bombes alliées. Ont travaillé ici pour les nazis jusqu'à 6000 prisonniers, la plupart tués au cours des bombardements. Néanmoins c'est aussi là que se trouvait le QG du parti communsite clandestin, et que se cachèrent d'autres groupuscules de résistance. En 1945, ce sont les soviétqiues qui arrivent à Oberschönewiede les premiers, et qui embarquent illico toutes les machines encore utilisables, direction l'URSS. Merci les mecs!


- Après guerre, Oberschöneweide est en territoir est-allemand. Il ne reste plus grand chose dans les grandes usines de brique mais on reconstruit, et la DDR fait bosser la population.

- Aujourd'hui, l'industrie est plus que moribonde, et le quartier est fortement touché par le chômage, la délinquence, et même la présence de bandes de néo-nazis. Pourtant, et tant mieux, les anciennes usines attirent de nombreux artistes qui installent leur ateliers dans ces volumes gigantesques, où sculpter des blocs de béton au marteau-piqueur en écoutant du death-metal en pleine nuit ne risque pas d'emmerder les voisins.


Je voulais vraiment vous parler de ce coin, parce que j'y ai vécu une expérience touchante - qui a ravigoté mon âme de géographe - en allant au contact des gens du coin. On a parlé avec une chouette dame qui tient une espèce de guinguette au borde de l'eau, bar, salle de concert et centre social tout à la fois. Pour l'anecdote, elle nous a même payé le café (ils sont sympas ces Berlinois). Ensuite on a rencontré un peintre originaire de Mongolie et qui expose à Amstredam, New York, Berlin. Gama, c'est son prénom, nous a très amicalement reçu dans son appartement-atelier-duplex géant. Pour finir, on a visité une maison des jeunes, en fait une péniche plutôt qu'une maison, où on a écouté Sebastian, un éducateur au visage un peu ravagé, nous raconté que c'était pas fastoche tous les jours de s'occuper des jeunes en difficulté d'Oberschöneweide, notamment des gamines de 13-14 ans enceintes, qui fument, picolent, se droguent...


Voilà, je suis content de vous faire partager un peu de cette journée, et de savoir que derrière les beaux quartiers bohème de Berlin (là où j'habite), il y a aussi des coins durs, mais qui méritent le détour.

Bon dimanche soir, et à l'attaque de cette nouvelle semaine!

Un peu de décoration

Hallo,

bon, voici mon premier vrai billet, youhou! (l'autre ne compte pas, vous l'avez tous déjà reçu par email). J'espère pouvoir alimenter ce blog régulièrement avec le récit de mes aventures palpitantes, et puis surtout que vous me laisserez quelques commentaires! Et oui, il faut que tout le monde fasse un effort pour que ce blog soit un vrai produit du web 2.0, et c'est pas gagné... (pour les novices de la com' informatico-crypto-structuraliste, 2.0 = collaboratif)

Bon, le sujet du jour: le kitch au service des fabriquant de tissu. Et là vous vous dites: soit ça va être chiant comme une reddif' de "Un cas pour deux"(si vous ne connaissez pas, c'est que vous n'aimez pas les séries allemandes ou que vous ne regardez jamais France 3 l'après-midi), soit il va nous parler d'autre chose et il essaie de nous embrouiller avec un effet de suspens diversif... Et bah perdu! J'ai vraiment des choses à raconter à propos de tapisserie et autres motifs imprimés d'un goût douteux. Mon installation à Berlin est en effet l'occasion de combler un grand vide de mon existence: celui de la déco d'intérieure! Et oui, je suis tout content d'avoir une nouvelle chambre ici à Berlin, plus spacieuse et moins meublée que la précédente, dans laquelle je peux recommencer à exercer mes talents en la matière. Et comme je ne reste que 6 mois, je peux me lâcher!

Ce vendredi, je suis allé donc allé chez Ikéa avec des amis de mon cours de langue (avec Joakim le Suédois, Julie la Danoise et Silvia l'Italienne), pour trouver de quoi réaliser mes rêves les plus barrés. C'est facile d'aller chez Ikéa ici, on peut y accéder en S-Bahn, suffit juste de ne pas acheter de meubles trop encombrants. Après avoir parcouru le circuit habituel salon-cuisine-chambre-salle à manger, etc. jusqu'au méga entrepot final, et en ayant fait une pause à la cafeteria où pour 1,40 € le verre c'est boisson à volonté (avec possibilité bien sûr de ne prendre qu'un verre pour 4), je suis revenu avec les bras chargés de trésors:
- un horloge
- un lave-vitre
- une petite table rouge
et la suite en image!

- une housse de couette représentant des bouleaux. c'était une super promo! A croire que les clients n'accrochaient pas au design):


- 3 mètres de tissu psychédélique que j'ai accroché au mur:

Voilà, j'espère que ça vous donnera envie de venir me voir!
Bon, je vais sortir un epu avant qu'il ne fasse nuit, histoire de découvrir un peu plus le quartier.
Prochain billet: photos de Oberschöneweide, un quartier de banlieue sur lequel j'ai fait un exposé, avec plein d'usines abandonnées, des artistes, des chômeurs et des néo-nazis...

A la revoyure!


L'arrivée

Salut les vieux croque-monsieurs au cheddar (cette expression marche aussi pour les filles)!


Bon, alors ici tout va très bien. Je vais tâcher de vous raconter un peu ma vie sans trop vous faire chier, mais soyez indulgents parce que c'est pas facile de faire un premier bilan après si peu de temps passé ici à Berlin. Et oui, je sais que je vous manque déjà effroyablement, et pourtant je ne suis parti que depuis 7 jours, tout rond. Tant que j'y suis, j'en profite avant de ma lancer pour m'excuser auprès de ceux à qui je n'ai pas pu dire vraiment au revoir, pour cause de préparatifs d'expatriation/leçons de conduite/déménagement. De toute façon, "les adieux ça craint" comme dirait Karl Marx. Et puis j'en profite aussi pour passer une petite dédicace à Patrick McGoohan, si tu nous écoute vieux, peace. Bon, trève de blabla, bouclez vos ceintures car maintenant c'est parti les ouistitis! Retro-fusées, en avant!

Longtemps j'ai passé l'aprè-midi d'aujourd'hui à trainer au marché aux puces du Mauerpark avec ma coloc Giulia, une italienne à Berlin depuis déjà 6 mois, et c'était super. Il faisait beau, et puis l'eau était à 32 degrés, et puis aussi y'avait un terrain de mini-golf et j'ai gagné, et après on a été à Aqualand et chez Leclerc et j'ai acheté une gameboy advanced bleue. Non, bon, en fait il pleuvait, on avait froid aux jambes et de la boue sur les chaussures. Mais par contre on a acheté un canapé et un fauteuil (assortis je précise), et tenez vous bien, le tout pour 40 euros livraison comprise! Willkommen in Berlin, la capitale la moins chère d'Europe! Bon, ce sont des antiquités, détrempées, au design retro DDR-maison de retraite, mais après un séchage intensif, un tour au marché turc de Kreuzberg pour dénicher du tissu pas cher et un atelier couture à la coloc', notre nouveau salon aura fière allure! Avant ça on a brunché un "franzosische Früstuck" vers 14h, dans une petit Kneipe (et oui, je glisse ça et là des mots allemands pour donné un cachet authentique à mon histoire) sympa de Prenzlauer Berg, et j'ai aussi acheté un bouquet de tulipes jaunes. Bref, j'ai passé un dimanche plutôt chouette. Reste que je dois pondre une rédac' en allemand pour demain, et que c'est pas le comble du bonheur de devoir le faire un dimanche soir. Et oui, car c'est pas non plus la glandouille ici, j'ai cours intensif d'allemand tous les jours de la semaine, de 9h30 à 13h! Et je peux vous dire qu'en une semaine, j'ai fait plus d'allemand que dans toute ma vie! Bon, certes j'exagère un peu, mais c'est tout de même vrai que le rythme est assez violent. D'autant que ma fac est à une heure de U-Bahn (métro) de là où j'habite. Autrement, la vie d'un étudiant étranger à berlin - comme n'importe où d'ailleurs - est une aventure permanente. Tout, mais alors tout relève du défi! Le combat ordinaire, je suis dedans. Se faire faire de la monnaie sur un billet dans une boulangerie par exemple, être à jour au niveau paperasses administratives en tous genres, trouver des coton-tiges, trouver des 'amis', comprendre de quoi est faite la drôle d'assiette composée que la dame de la mensa (resto U) vient de poser sur l'étagère en inox - pour le coup c'était des espèces de boulettes roquefort-aïl-curry vraiment, mais alors vraiment deg'. Bref, j'ai ma dose d'adrénaline quotidienne, et je peux vous dire que je dors bien la nuit.


J'ai la chance d'avoir une super coloc', bien située (Torstrasse 60 Berlin, pour ceux qui sont pas trop des manches avec google map), et je vis avec des gens très relaxs, et à l'écoute ce qui est fort utile pour pratiquer mon pauvre allemand. Il y a donc Giulia l'italienne, 21 ans, toutes ses dents et pleine d'énergie, et Frank, 27 ans, allemand un peu exentrique, chanteur-guitariste-peintre. On forme un joli trio je trouve, enfin je dis ça en n'étant arrivé qu'il y a tout pile une semaine. Je m'acclimate à la vie berlinoise, en prenant petit à petit mes repères (supermarchés du quartier, lignes de métro, marques de bière, meilleures saucisses, falafel potable, bars, etc.), et le moral est bon même si la première semaine s'est caractérisée par un état psychopsychique que je qualifierai de montagnes russes émotionnelles. J'étais du genre "putain, ils font chier ces allemands, et tous ces cons d'Erasmus, vivement que je sorte de ce métro pour me poser tranquile dans mon canapé avec une binouse et qu'on me foute la paix,la-France-me-manque-bouh", puis 20 minutes plus tard sans trop savoir pourquoi je passait à la phase "A moi la grande ville, youhouu, je vais te conquérir Berlin la rouge, toi et tes mille squats et tes gateaux aux carottes et tes habitants drôlement bizarrement fringués"! Voyez un peu le truc?

Bon, je ne sais plus trop quoi raconter là, mais pour satisfaire votre curiosité plsatico-picturale, je joins des photos à ce message, de l'immeuble, de ma chambre et du quartier. Si vous voulez des précisions sur tel ou tel truc, à vous de demander en en profitant pour me donner aussi des petites nouvelles de vous! ET pour des corrections sur les devoirs d'allemand: geh in Hölle! Ah, et tant que j'y pense, dans une démarche citoyenne d'ouverture de la sphère politique aux jeunes, inscrivez-vous presto au groupe fessebook des fans d'Hartley Coeur-à-vif! Comme ça, si on est assez nombreux, peut-être qu'ils passeront des épisodes de ce génial plaidoyer télévisuel pour une éducation libre dans les collèges et lycées de France.

Tschüss et bon vent comme dirait Georges Pernoud.
vivre à Berlin
 
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