dimanche 15 mars 2009

Oberschöneweide: au bord de la Spree, les usines abandonnées.


Oberschöneweide, en français ça donne à peu près: "La jolie prairie du haut"... mais on est un peu loin de la réalité des lieux. Et pour la petite histoire, le "Ober" c'est pour marquer la différence avec l'autre rive, où s'étend Niederschöneweide.


Si je suis allé me balader tout un après-midi dans Oberschöneweide, c'est ne pas parce que mon guide de Berlin disait qu'on pouvait y trouver les meilleures currywurst de la ville - il n'y a rien à y faire, et pas un touriste - mais dans le cadre d'un exposé pour mon cours de langue. Lisant la description des lieux parmis une liste de 10 destinations proposé par notre prof'(en gros: paysage d'usines abandonnées au bord du fleuve) je me suis dit sans hésiter: c"'est ici qu'il faut que tu ailles mon gaillard, pour te faire une session photos à la sauce Stalker!".


Me voilà donc parti, avec deux autres étudiants, en direction de Oberschöneweide. Le quartier se situe à environ une demi-heure du centre de Berlin, en S-Bahn, direction sud-est. Mais comme nous sommes partis de ma fac, qui se trouve à pétaouchnoque de tout, ça nous a pris une heure avec un vieux bus de banlieue.


Bon, plutôt que de vous raconter toute mon aventure, vous avez droit aux plus jolies photos, représentatives de tous les contrastes qui font le charme de l'endroit. Mais allez si si, un peu d'histoire aussi, rien qu'un peu, juste pour s'endormir plus culturé (oui, je sais que je dois essayer de ne pas poster que des billets de 5 pages...):

- Oberschöneweide fut longtemps un petit patelin campagnard insouciant jusqu'à ce que plusieurs capitaines d'industrie décident d'y planter leurs grosses usines à la fin du XIXe siècle. Très rapidement, la berge de la Spree se couvre de fabriques, et dans les terres on construit des logements pour les ouvriers. En 1920, le quartier fini par être rattaché au grand Berlin (je condense pas mal).

- Pendant la seconde guerre mondiale (et vous avez constaté que je fais une grosse ellipse, je suis sympa), Obesrchöneweide est un centre de production stratégique pour l'effort de guerre allemand, ce qui explique que la ville est par deux fois noyée sous un tapis de bombes alliées. Ont travaillé ici pour les nazis jusqu'à 6000 prisonniers, la plupart tués au cours des bombardements. Néanmoins c'est aussi là que se trouvait le QG du parti communsite clandestin, et que se cachèrent d'autres groupuscules de résistance. En 1945, ce sont les soviétqiues qui arrivent à Oberschönewiede les premiers, et qui embarquent illico toutes les machines encore utilisables, direction l'URSS. Merci les mecs!


- Après guerre, Oberschöneweide est en territoir est-allemand. Il ne reste plus grand chose dans les grandes usines de brique mais on reconstruit, et la DDR fait bosser la population.

- Aujourd'hui, l'industrie est plus que moribonde, et le quartier est fortement touché par le chômage, la délinquence, et même la présence de bandes de néo-nazis. Pourtant, et tant mieux, les anciennes usines attirent de nombreux artistes qui installent leur ateliers dans ces volumes gigantesques, où sculpter des blocs de béton au marteau-piqueur en écoutant du death-metal en pleine nuit ne risque pas d'emmerder les voisins.


Je voulais vraiment vous parler de ce coin, parce que j'y ai vécu une expérience touchante - qui a ravigoté mon âme de géographe - en allant au contact des gens du coin. On a parlé avec une chouette dame qui tient une espèce de guinguette au borde de l'eau, bar, salle de concert et centre social tout à la fois. Pour l'anecdote, elle nous a même payé le café (ils sont sympas ces Berlinois). Ensuite on a rencontré un peintre originaire de Mongolie et qui expose à Amstredam, New York, Berlin. Gama, c'est son prénom, nous a très amicalement reçu dans son appartement-atelier-duplex géant. Pour finir, on a visité une maison des jeunes, en fait une péniche plutôt qu'une maison, où on a écouté Sebastian, un éducateur au visage un peu ravagé, nous raconté que c'était pas fastoche tous les jours de s'occuper des jeunes en difficulté d'Oberschöneweide, notamment des gamines de 13-14 ans enceintes, qui fument, picolent, se droguent...


Voilà, je suis content de vous faire partager un peu de cette journée, et de savoir que derrière les beaux quartiers bohème de Berlin (là où j'habite), il y a aussi des coins durs, mais qui méritent le détour.

Bon dimanche soir, et à l'attaque de cette nouvelle semaine!

3 commentaires:

  1. Les photos sont très belles... juste dommage qu'on ne puisse pas toutes les agrandir. Et moi je veux des photos du loft !!!

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  2. Et moi j'veux des photos des gamines!
    Bref.
    Très instructif ton petite texte, en tout cas, même si sa lecture m'a pris un peu de temps (un trop grand concentré de culture, j'me suis endormi au moins 2 fois par paragraphe!).

    Y aurait moyen que tu prennes plus de photos des grafitis stp? (les plus oufs que tu trouves)

    Bisous, garde la pêche!

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  3. exellent billet, content que la Zone t'est laissé revenir en un seul morceaux. Il manque juste les photos des artites métaleux armés de leurs marteaux piqueurs !

    Sélim

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Laissez moi des commentaires bande de loukoums!

vivre à Berlin
 
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